Une nouvelle attaque attribuée à Boko Haram a coûté la vie à deux membres d’un « comité de vigilance de Sandawadjiri » dans le département du Mayo Tsanaga, région de l'Extrême-Nord du Cameroun, dans la nuit du mardi 22 au mercredi 23 mars, a affirmé le gouverneur de la région, Bakari Midjiyawa.
Le village de Sandawadjiri est situé dans une zone frontalière proche du Nigeria, où sévit le groupe islamique Boko Haram.
« Vers 2 heures (heure locale) alors que nous étions campés à l’entrée du village pour veiller contre des landits et les terroristes, notre groupe a été surpris par des combattants de Boko Haram lourdement armés », a expliqué, Abba Yusuf, du comité de vigilance de Sandawadjiri.
« Vu qu’ils étaient plus nombreux et mieux équipés que nous, ils ont réussi à tuer deux de nos camarades et en ont blessé quatre autres. Ils se sont aussitôt repliés vers le Nigéria voisin », a précisé ce membre du groupe d’autodéfense.
A l’Extrême-Nord du Cameroun, les comités de vigilance ont été créés en 2014 par décret présidentiel pour aider les forces armées à lutter contre Boko Haram.
Dirigés par des civils, les comités de vigilance sont des groupes structurés de façon informelle, composés de bénévoles issus des communautés.
La plupart des assauts de Boko Haram visent les comités de vigilance, leurs communautés et les autorités traditionnelles. Ces attaques visent à décourager ces groupes communautaires de collaborer avec les forces de sécurité et de priver l’armée de son avantage sur le champ de bataille.
Le groupe islamique Boko Haram, dont le nom signifie approximativement « les livres sont péchés », est basé dans le nord-est du Nigéria et a essaimé dans plusieurs pays voisins, dont le Tchad, le Niger et le nord du Cameroun.
Depuis 2014, ce groupe a fait des ravages dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun, commettant des attaques qui sont souvent menées sans discernement ou qui visent délibérément les civils.
Ces attaques ont consisté en des attentats-suicide dans des lieux publics où des foules se rassemblent, tels que marchés, mosquées, églises, écoles, camps pour personnes déplacées et gares routières ; des enlèvements, notamment de femmes et de filles ; et des pillages et destructions systématiques de biens civils.
Recrudescence des attaques des djihadistes de Boko Haram dans le nord du Cameroun depuis quelques jours
Les localités de Kouyape, Kolofata et Waza ont subi des exactions des islamistes de Boko Haram ces derniers jours. Plusieurs dizaines de combattants ont pris d’assaut la localité de Kouyapé dans l’arrondissement de Kolofata dans la nuit du 15 au 16 mars. Ils l’ont assiégée pendant plusieurs heures et passé au peigne fin plusieurs dizaines de concessions. Une personne a été assassinée pendant l’attaque. « Il était 22 heures et quelques minutes quand ils ont fait irruption dans le village et ont tenté de l’encercler. Leur présence dans le village a créé une panique généralisée au point où toute la population est sortie pour se retrancher dans des cachettes. Tout le village a réussi à se sauver à l’exception de quelques-uns qui sont tombés dans leur nasse. Le frère Moussa Messeké qui était dans un état d’ébriété cette nuit-là a été rattrapé par ses bourreaux puis froidement assassiné », déclare Moussa Bladi, habitant de Kouyapé.
Sur le tronçon entre les localités de Waza et Zigue Zigague, Bana Gorlda, 40 ans passés, vendeur de moutons dans la localité d’Amchidé, a été froidement abattu par des islamistes de Boko Haram le 12 mars dernier. Il se rendait au marché de Zigué-Zigagué s’approvisionner en moutons. Le 12 mars 2022, à quelques kilomètres de Waza et aux alentours de 17h, des assaillants cagoulés ont abattu un homme de 27 ans. La victime s’appelait Baana alias Gorgné. Le malheureux roulait à moto quand celle-ci a été immobilisée. Une autre victime, de passage à ce moment précis, a été blessée par les mêmes assaillants. Ces derniers, identifiés comme étant des membres de Boko Haram, ont emporté les deux motos non sans avoir au préalable dépouillé leurs victimes.