Les Forces démocratiques syriennes (FDS) ont accepté de remettre Ain Issa, une ville du nord de la Syrie, aux forces du président Bashar al-Assad.
C'est ce qu'a rapporté le quotidien al-Araby al-Jadeed , lundi 28 décembre, après des violents affrontements, qui ont débuté le 18 décembre entre les FDS et les rebelles syriens pro-turcs de l'Armée syrienne libre (ESL ). Cette dernière reçoit le soutien de la Turquie, et est considérée comme l'un des groupes d'opposition armés les plus importants luttant contre les forces du président syrien, Bachar al-Assad.
Ain Issa est une ville stratégique, située dans la province de Raqqa. Elle est située sur la route internationale M4, considérée comme une voie de communication particulièrement importante pour le nord de la Syrie et qui court parallèlement à la frontière avec la Turquie. C'est pourquoi, ces dernières semaines, la Russie, qui soutient Assad a exhorté les FDS à quitter la zone, afin d'éviter une nouvelle opération militaire turque dans le nord du pays.
Bien que les FDS n'aient pas encore fait de commentaires officiels sur l'accord, un membre de la "Réconciliation nationale", Omar Rahmoun, affilié au gouvernement de Damas, a déclaré que, le soir du 27 décembre, une réunion avait eu lieu à la fin de la quelle les FDS avaient accepté de remettre Ain Issa aux forces d'Assad et à la police militaire russe. Les Forces Démocratiques Syriennes ont déclaré qu'elles commenceraient à se retirer de la ville d'ici quelques heures. Cependant, les termes de l'accord ne sont pas encore clairs et on n'a pas noté de signes concrets d'un retrait sur le terrain.
Entre temps, les tensions ne se sont pas encore retombées. Dans la matinée du 28 décembre, les rebelles pro-turcs ont encore effectué de nouveaux bombardements à l'artillerie lourde. Les bombardements ont pris pour cible les postes des FDS à Al-Mushairefah et Jahbel, près de la route internationale à l'est d'Ain Issa, ainsi que la zone d'Al-Silouma.
Les Forces démocratiques syriennes sont une alliance multi-ethnique et multi-confessionnelle, composée en majorité de Kurdes, mais aussi d'Arabes, de Turkmènes, d'Arméniens et de Tchétchènes. La principale branche armée, ainsi que la force prépondérante, est représentée par les Unités de protection du peuple kurde (YPG). Depuis leur formation le 10 octobre 2015, les FDS ont joué un rôle fondamental dans la lutte contre l'État islamique en Syrie, contribuant à la libération progressive des bastions occupés par les jihadistes. Leurs opérations ont été principalement soutenues par les États-Unis, qui fournissent des armes et une couverture aérienne. De son côté, la Turquie refuse la présence des FDS à la frontière syro-turque, prétextant qu'elles sont affiliées au PKK, un mouvement indépendantiste kurde de Turquie. Les FDS ont pris Ain Issa en 2016 aux combattants de l'Etat islamique et la localité est depuis un avant-poste militaire des FDS.
La Turquie, comme on l'a dit plus haut, s'oppose à la présence des FDS à sa frontière. C'est pourquoi, au fil des années, Ankara a mené plusieurs opérations. La dernière, surnommée «Source de la paix», remonte au 9 octobre 2019 et a permis à des groupes pro-turcs de prendre le contrôle de plusieurs localités du nord-est de la Syrie, notamment Tell Abyad et Ras al-Ain.
Pendant ce temps, le conflit syrien en cours, qui a éclaté le 15 mars 2011, est maintenant entré dans sa dixième année. L'armée du régime syrien est assistée par Moscou et Téhéran, tandis que les rebelles reçoivent le soutien de la Turquie. La trêve annoncée par Moscou et Ankara le 5 mars pour la région du grand Edleb a été presque respectée ces derniers mois, à l'exception des violations sporadiques principalement commises par les forces gouvernementales syriennes et des attaques contre des patrouilles conjointes russo-turques sur la route internationale M4. Cependant, le cessez-le-feu a été accueilli avec scepticisme par les résidents, qui ont vu d'innombrables initiatives échouer ces dernières années, et craignent de voir bientôt de nouvelles offensives et une reprise des combats à grande échelle, Damas n'ayant jamais caché son intention de reprendre le contrôle de l'ensemble du territoire syrien.