Des nouveaux heurts entre policiers israéliens et manifestants palestiniens ont éclaté vendredi matin 22 avril 2022 sur l'esplanade des Mosquées de Jérusalem, lieu au cœur de tensions qui ont débordé ces derniers jours jusque dans la bande de Gaza.
Tôt vendredi matin, le forces de police israéliennes sont entrées sur l'esplanade, troisième lieu saint de l'islam et site le plus sacré du judaïsme sous son nom de Mont du Temple. Les Palestiniens présents sur place ont alors lancé des pierres dans leur direction.
Selon la police israélienne, peu après la prière du matin, qui a eu lieu à 4 heures, des "émeutiers masqués et arborant des drapeaux du Hamas" palestinien, ont ont commencé à lancer des pierres et des pétards sur la police. Les membres de la police des frontières n'ont pas utilisé d'équipement spécial jusqu'à la fin de la prière, mais plus tard, lorsque les manifestants se sont approchés de la zone du mur occidental, ils ont commencé à rétablir l'ordre.
Les émeutes se sont poursuivies pendant de nombreuses heures. La police a arrêté environ 480 contrevenants à l'ordre, mais la plupart des détenus ont été rapidement libérés.
Plus de 150 Palestiniens ont été blessés dans les affrontements avec des blessures légères à modérées, selon la Croix-Rouge. Un policier a également été blessé. La situation restait tendue sur l'esplanade en ce troisième vendredi de ramadan - qui coïncide avec la fin des célébrations de Pessah, la pâque juive. Palestiniens et forces de l'ordre israéliennes ont échangé des jets de pierres et des tirs de balles en caoutchouc.
Le 21 avril, Tsahal a bloqué les territoires palestiniens. Mais près de la mosquée Al-Aqsa, les émeutes sont organisées principalement par des habitants des quartiers arabes de Jérusalem, le blocus de l'AP n'affecte pas leur activité.
Après les émeutes, 150 000 musulmans ont participé à la prière de masse sur l'esplanade des Mosquées
Jusqu'à 150 000 musulmans ont participé le vendredi 22 avril à une prière de masse près de la mosquée Al-Aqsa. Des participants brandissaient des drapeaux du Hamas scandant : "Juifs, rappelez-vous, l'armée de Mahomet est de retour".
Statu quo ?
Des affrontements sur le Mont du Temple à Jérusalem ont lieu tout au long du mois de Ramadan qui se termine le 1er mai). Le vendredi, entre les prières du matin et de l'après-midi, ces affrontements sont généralement les plus violents.
La présence sur le site pendant le ramadan de nombreux juifs - autorisés à visiter le lieu sous certaines conditions et à des heures précises sans y prier, d'après le statu quo en vigueur - et le déploiement sur place de forces policières ont été largement perçus par des Palestiniens et plusieurs pays de la région comme un geste de "provocation".
Plusieurs ministres arabes réunis dans la capitale jordanienne ont ainsi condamné "les attaques et les violations israéliennes contre les fidèles de la mosquée Al-Aqsa", sur l'esplanade des Mosquées, site administré par la Jordanie, mais dont l'accès est contrôlé par l'Etat hébreu.
"Israël préserve et continuera de préserver le statu quo sur le Mont du Temple" mais "nous n'accepterons en aucun cas des tirs de roquettes depuis la bande de Gaza", a déclaré jeudi le ministre israélien des Affaires étrangères, Yaïr Lapid. Celui-ci venait de rencontrer la secrétaire d'Etat américaine adjointe pour les affaires du Proche-Orient, Yaël Lempert, et l'émissaire chargé des relations israélo-palestiniennes, Hady Amr.
Les deux responsables américains se sont ensuite entretenus jeudi soir avec les dirigeants de l'Autorité palestinienne. "Le président (Abbas) a demandé l'intervention urgence de l'administration américaine afin de mettre fin une fois pour toutes à l'escalade israélienne dans les Territoires palestiniens", a déclaré après la rencontre Hussein al-Cheikh, un ténor de l'Autorité palestinienne.
Attentats et roquettes
En mars-avril 2022, des terroristes palestiniens ont perpétré 15 attentats, tuant 15 personnes (13 citoyens israéliens et deux citoyens ukrainiens).
Cette nouvelle escalade des tensions a entraîné aussi des tirs de roquettes par des groupes armés palestiniens depuis la bande de Gaza vers Israël et des frappes israéliennes en représailles sur cette enclave palestinienne de 2,3 millions d'habitants contrôlée par le Hamas islamiste.
Six roquettes ont été tirées depuis la bande de Gaza vers Israël, dont quatre ont été interceptées par le bouclier antimissile israélien, une s'est abîmé sur Gaza et la dernière s'est abattue sur la localité israélienne de Sdérot sans faire de blessés, a indiqué l'armée israélienne. Ces tirs de roquettes de la bande de Gaza sont les plus importants depuis la guerre meurtrière de 11 jours ayant opposé en mai 2021 le Hamas à Israël après des semaines de tensions à Jérusalem.
Décès d'un participant à des affrontements avec l'armée israélienne près de Jénine
Vendredi 22 avril, l'hôpital Ibn Sina de Jénine a signalé que Lutfi Ibrahim Labadi, 20 ans, d'Al-Yamun, était décédé des suites de ses blessures.
Il y a quelques jours, selon l'agence Maan , Labadi a été blessé lors d'affrontements avec l'armée israélienne à Al-Yamun, où se déroulait une opération anti-terroriste.
Les Forces de défense israéliennes (FDI) et le Service général de sécurité (SHABAK) poursuivent une opération antiterroriste à grande échelle "Brise-lames" en Judée-Samarie, dont le but est d'arrêter les tentatives d'attentats terroristes.