Samedi soir 17 octobre, les ministères arménien et azerbaïdjanais des Affaires étrangères ont annoncé, dans deux déclarations identiques, un accord pour "une trêve humanitaire à partir du 18 octobre à 00H00 heure locale" (20H00 GMT).
Cette nouvelle trêve est intervenu après que le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov se soit entretenu au téléphone dans la soirée avec ses homologues arménien et azerbaïdjanais et insisté avec force sur "la nécessité d'un respect strict" du cessez-le-feu conclu samedi dernier à Moscou, selon la diplomatie russe.
A Stepanakert, la capitale séparatiste, la nuit a été très calme, selon un correspondant de l'AFP sur place. Dans la matinée, tout y était silencieux, alors que la plupart des habitants ont fui les bombardements depuis la reprise des combats le 27 septembre. "Notre pays veut respecter la trêve mais les autres (Azerbaïdjanais) ne la respecteront pas. Nous ne pouvons pas les croire, même s'il y a un accord, ils peuvent facilement ne pas le respecter", soutient Sveta Petrosian, 65 ans, interrogée dans les rues désertes. Ses deux fils sont au front.
Et de fait, la trêve n'aura pas duré plus de quatre minutes. L'Azerbaïdjan et l'Arménie se sont accusés dimanche d'avoir violé la nouvelle "trêve humanitaire" entrée en vigueur à minuit heure locale dans le Nagorny Karabakh, une semaine après un premier cessez-le-feu conclu mais jamais respecté.
Dans un communiqué, le ministère de la Défense azerbaïdjanais a affirmé que les forces arméniennes avaient rompu de "manière flagrante le nouvel accord", dénonçant des tirs d'artillerie ennemis et des attaques matinales le long du front.
Plus tôt dans la nuit, la porte-parole du ministère arménien de la Défense, Shushan Stepanyan, avait elle rapporté des tirs d'artillerie et de roquettes azerbaïdjanais, au nord et au sud du front, durant les trois heures suivant le début de la trêve.
Dans un communiqué, l'armée du Karabakh a également fait été d'une attaque ennemie le matin dans le sud, faisant part "de pertes et blessés des deux côtés". "Mais les infrastructures civiles et les habitations n'ont pas été visées par des tirs", ont précisé les services de secours du Karabakh.
Le président azerbaïdjanais a appelé à la vengeance après le bombardement de Ganja, deuxième ville du pays
La reprise des combats il y a trois semaines a fait des centaines de morts. Après une première tentative ratée de cessez-le-feu sous l'égide de Moscou, le conflit a connu une nouvelle escalade samedi.
L'Azerbaïdjan a juré de "venger" la mort de treize civils, dont des enfants, ayant péri la nuit précédente dans le bombardement nocturne de Ganja, deuxième ville du pays. De nombreuses maisons ont été détruites par un pilonnage qui a aussi fait plus de 45 blessés, selon le procureur général.
Samedi, à Ganja, des dizaines de secouristes ont cherché des survivants à mains nues et rassemblé des restes humains déchiquetés dans des housses mortuaires noires, rendant leur identification très difficile.
Dans un discours, le président azerbaïdjanais Ilham Aliev a promis une vengeance "sur le champ de bataille", qualifiant son ennemi séparatiste et l'Arménie, tour à tour, de "chiens" et de "fascistes". La Turquie a de son côté accusé Erevan de "crimes de guerre".
Ganja, ville d'environ 300.000 habitants, a été frappée à plusieurs reprises depuis le début du conflit. Les Arméniens ont affirmé samedi que Ganja abritait "des cibles légitimes", évoquant une base aérienne et des sites militaires. Quelques heures avant les frappes sur Ganja, des tirs avaient visé les villes de Stepanakert et Choucha dans le Karabakh.
L'Azerbaïdjan a obtenu des gains territoriaux ces trois dernières semaines sans pour autant remporter de bataille décisive. Bakou n'a pas jusqu'ici révélé le coût du conflit, ne publiant aucun bilan militaire, matériel ou humain.
Les Arméniens affirment avoir tué des milliers d'hommes. Ils reconnaissent avoir dû reculer mais assurent "contrôler la situation". Officiellement, ils ont perdu environ 700 hommes, et la moitié des 140.000 habitants ont fui.
Outre une potentielle crise humanitaire, la communauté internationale craint une internationalisation du conflit, la Turquie soutenant l'Azerbaïdjan. L'Arménie, qui soutient financièrement et militairement les séparatistes, est elle dans une alliance militaire avec la Russie.
Le Nagorny Karabakh, majoritairement peuplé d'Arméniens chrétiens, a fait sécession de l'Azerbaïdjan, musulman chiite turcophone, peu avant la dislocation de l'URSS en 1991, entraînant une guerre ayant fait 30.000 morts. Un cessez-le-feu, émaillé de heurts, était en vigueur depuis 1994.
Les forces azerbaïdjanaises progressent au Nagorny Karabakh
Dimanche 18 octobre, le ministère de la défense de l'Azerbaïdjan a publié une vidéo montrant une importante base qui a récemment été prise aux forces arméniennes. La base, qui se trouve dans le district de Fizuli, a été abandonnée à la hâte.
Les troupes arméniennes ont laissé derrière elles des quantités d'armes et d'équipements, notamment des chars de combat, des véhicules blindés, des obusiers et des dizaines de missiles guidés antichars.
Le ministère de la défense azerbaïdjanais a également diffusé une vidéo montrant les forces arméniennes fuyant leurs postes de combat dans une partie non spécifiée du Haut-Karabakh. Les postes ont été occupés par les troupes azerbaïdjanaises.