Plusieurs centaines d'étudiants ont manifesté contre le pouvoir mardi 9 mars à Alger, dans un nouveau geste de défiance à l'encontre du régime confronté depuis trois semaines à un retour dans la rue du mouvement pro-démocratie Hirak.
Les premiers manifestants sont arrivés vers 10 h à la Place des Martyrs, lieu habituel du début de la manifestation estudiantine. Vers 11 h 30, ils ont entonné l’hymne national puis le cortège a démarré.
Direction la rue Bab Azoun, puis le reste de l’itinéraire habituel. Au fur et à mesure qu’elle avançait, la marche a pris de l’ampleur. Beaucoup de citoyens, plus que d’habitude, se sont joints aux étudiants. À la place Émir Abdelkader, de nombreux partisans du Hirak attendaient l’arrivée des manifestants pour les rejoindre.
Le cortège a rejoint la Grande Poste, lieu de ralliement traditionnel des partisans du mouvement de contestation. En tête du défilé, était déployée une large banderole: "Le régime est mort et il n'est pas possible de ressusciter un cadavre. Pas de normalisation avec le pouvoir, dégagez!".
"Les revendications essentielles des étudiants sont le départ du +système+, une justice indépendante et une presse libre, pour qu'elle puisse transmettre ce que dit le peuple et pas ce que dit le système", a expliqué à l'AFP, un manifestant de 25 ans.
Les protestataires ont repris les slogans du Hirak --pour une "Algérie libre et démocratique" et un "Etat civil et non militaire"-- et ils ont conspué le président Abdelmadjid Tebboune, élu en décembre 2019 lors d'un scrutin massivement boycotté. Le dispositif policier, quoiqu'important, était allégé par rapport aux semaines précédentes. Les rassemblements publics restent interdits en raison de la pandémie de Covid-19.
Avant l'interruption forcée des marches du Hirak en mars 2020, crise sanitaire oblige, les étudiants avaient pour habitude de défiler chaque mardi à Alger. "Nous manifestons car nous refusons ce système, nous refusons les méthodes de ce système et nous refusons d'être divisés", a déclaré à l'AFP, un étudiant de 27 ans.
Né en février 2019, pacifique et pluriel, le mouvement de protestation exige toujours le démantèlement du "système" en place depuis l'indépendance en 1962, synonyme à ses yeux d'autoritarisme et de corruption. Des dizaines de milliers d'Algériens redescendent dans les rues d'Alger et d'autres villes du pays depuis le 2e anniversaire du soulèvement, confirmant la reprise de la mobilisation du Hirak.
Face à la contestation, le régime manie la carotte et le bâton: il a libéré en février une soixantaine de militants du Hirak, dont plusieurs personnalités, mais certains tribunaux continuent d'avoir la main lourde. Sami Dernouni, un militant de Tipaza, près d'Alger, a été condamné mardi à deux ans de prison pour "incitation à attroupement", "atteinte à l'unité nationale" et "atteinte à la sécurité nationale", selon le Comité national de libération des détenus (CNLD), une association de soutien.